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lundi 11 novembre 2013

Les raisons de la colère

Rappel de l’action menée

Le collège Auguste Delaune de Bobigny est en grève depuis mardi 5 novembre, et bloqué par les parents depuis vendredi 8. Ensemble, nous demandons un second poste de CPE à temps complet, alors que l’institution ne nous accorde pour l’instant qu’un demi-poste provisoire, qui doit être sauvé chaque année, de haute lutte.

Cette demande, pourtant plus que raisonnable, n'a pas été considérée avec le sérieux que nous attendions. Notre délégation, composée de parents, d'enseignants, du CPE et de l'infirmière, n'a pas été reçue par les interlocuteurs annoncés. Le rectorat n'a pas même convié notre principale à cet entretien, comme c’est pourtant l’usage. La réponse, promise pour le jeudi avant 18h, est finalement arrivée vendredi à la mi-journée, ce qui a retardé l'information promise aux parents. Enfin, cette réponse - une fin de non-recevoir - nous a été faite sur un ton compassionnel totalement déplacé.

Il s’agit pour nous d’une double offense. Outre la fin de non-recevoir que nous adresse notre institution de tutelle, nous n’avons que faire d’une compassion que nous trouvons hors de propos, et nous nous alarmons de la légèreté avec laquelle l’institution semble traiter nos élèves.


L’importance du Conseiller principal d'éducation (CPE) dans un collège de ZEP

Le rôle du CPE ne peut se limiter à gérer les absences, les urgences et à distribuer des sanctions. Il a une mission éducative fondamentale, et c’est le premier interlocuteur des parents d’élèves. Plus que les enseignants, qui doivent assurer le fonctionnement d’un groupe-classe, le CPE construit une relation individuelle avec chaque élève et chaque famille. Cette proximité lui permet d’accompagner au plus près les élèves en difficulté scolaire comme sociale. 

Il joue également un rôle de premier plan dans l’accueil des élèves de 6e au collège, dans celui des élèves de NSA (élèves non francophones, non scolarisés auparavant, qui découvrent dans notre collège le monde scolaire et ses règles de vie) et des élèves d’ULIS (élèves souffrant de troubles des fonctions cognitives). 

Enfin, il contribue activement à cette fameuse éducation à la citoyenneté que l’institution dit vouloir valoriser – tout en refusant systématiquement d’accorder les moyens nécessaires à la réalisation de ses déclarations d’intentions. 

Les contradictions de notre institution de tutelle

Les élèves que nous accueillons sont les mêmes que ceux des collèges alentour – qui ont, eux, deux CPE à temps complet. Ils ne sont pas « plus faciles ». Si nos indicateurs, en termes d’absentéisme et de conseils de disciplines sont plutôt bons et en progression, c’est grâce à l’investissement de notre CPE (qui en quatre ans a effectué près de 1500 heures supplémentaires pour l’essentiel non rémunérées, soit l’équivalent d’un an de travail) et de l’ensemble de l’équipe éducative qui met l’accent sur l’accueil, la prévention et la volonté de n’exclure qu’en dernier recours. Est-ce une raison pour nous punir ? Faudrait-il un incident grave pour obtenir enfin satisfaction ?

Le discours institutionnel insiste sur l’attention à apporter à chaque élève, sur la nécessité d’individualiser au maximum, en classe comme en dehors de la classe. Cette préoccupation rejoint les nôtres : nous voulons pouvoir accorder à chaque adolescent le temps dont il a besoin. Or c’est bien cette ambition que cette même institution nous empêche de réaliser en nous en refusant les moyens. Nous refusons, pour notre part, de nous résoudre à traiter les élèves de façon industrielle, de les envisager comme une masse indistincte.

Pourquoi nous continuons le mouvement

Contrairement à ce que semble penser le rectorat, nous ne sommes pas allés nous plaindre au rectorat de la difficulté de nos conditions de travail : pour beaucoup, nous enseignons en ZEP par conviction, alors que nous aurions pu muter depuis des années. Nous connaissons les règles du jeu et nous en acceptons les “difficultés”. Nous sommes simplement allés réclamer les moyens de pouvoir continuer les actions que nous menions depuis des années, pour et avec nos élèves et leurs parents, et que nous ne pouvons poursuivre aujourd’hui. 

Ces actions sont devenues impossibles, en raison de l’augmentation constante du nombre d’élèves (380 en septembre 2003, 574 en septembre 2013), sans que l’encadrement ni les moyens horaires ne progressent en proportion. Un audit de l’établissement a eu lieu en 2012, nous “félicitant” pour le travail mené, l’année même où l’inspection académique nous en retirait les moyens. 

Outre une dotation horaire pédagogique en chute libre depuis plusieurs années, notre collège souffre en effet d’un manque flagrant de personnel de vie scolaire. C’est le CPE qui compense ce manque, par ce nombre indécent d’heures supplémentaire. Malgré cet investissement exceptionnel, une partie des problèmes disciplinaires quotidiens se trouve reportés sur la Principale et la Principale adjointe, empêchant l’une et l’autre de se consacrer autant qu’il le faudrait à leurs missions de direction.

Ce sont au bout du compte les élèves qui pâtisent de ce manque de moyens : nous sommes trop souvent conduits à ne nous occuper que des cas graves, en laissant de côté tout travail de fond. Nous n’oublions pas que l’essentiel de notre mission est une mission d’éducation – cette éducation qu’on dit « prioritaire »…

Notre demande d’un second CPE relève donc à nos yeux de la dignité de nos élèves et de la définition même de notre travail. C’est pourquoi nous poursuivrons notre mouvement, avec détermination.

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